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« Une menace grave pour la santé et le bien-être des individus »

Actualité générale de l'Alliance Navale

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28/10/2025

Le 24 octobre 2025, le Secretary of War Pete Hegseth a ordonné le déploiement du groupe aéronaval constitué autour du porte-avions Gerald R. Ford dans la zone de responsabilité de USSOUTHCOM « afin d'appuyer la directive du président visant à démanteler les organisations criminelles transnationales et à lutter contre le narcoterrorisme ». Dans le même temps et sans faire la Une, la Marine nationale accumule les succès dans la lutte contre les activités maritimes illicites, avec plus de 63 tonnes de produits stupéfiants saisies depuis le 1er janvier, dont 52 tonnes de cocaïne.

La convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes, adoptée à Vienne le 19 décembre 1988, encadre précisément la compétence de chaque Partie à la convention, toutes « résolues à améliorer la coopération internationale pour la répression du trafic illicite par mer ». Principal acteur de l’action de l’Etat en mer (AEM), la Marine nationale agit dans ce cadre sous les ordres du préfet maritime, « représentant direct du Premier ministre ». Outre-mer, le commandant de la zone maritime concernée assiste le préfet de département ou le haut-commissaire de la République.

Les modalités de l'exercice par l'Etat de ses pouvoirs de police en mer « pour la lutte contre certaines infractions relevant de conventions internationales », en particulier celles « constitutives de trafic de stupéfiants et de substances psychotropes » sont strictement encadrées par la loi n° 94-589 du 15 juillet 1994 et les articles L-1521-1 à L1521-18 du code de la défense. Le décret n° 2019-414 du 7 mai 2019 limite également la liste des personnes « spécialement habilités à constater les infractions », essentiellement les commandants et commandants en second d'élément naval, les commissaires des armées embarqués sur celui-ci et les commandants de bord des aéronefs de l'Etat.

Le 21 mai 2025, l’amiral Nicolas Vaujour s’était exprimé devant la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale, indiquant que la Marine nationale avait intercepté « plus de quarante-huit tonnes de drogue » en 2024. Les saisies se montaient à 44 tonnes à la date du 3 septembre lorsque le CEMM s’est exprimé devant des membres de l’Association des Journalistes de Défense, le record de 2024 étant largement dépassé dès le 22 septembre 2025 quand « sous la direction du préfet maritime de l’Atlantique et du procureur de la République près le tribunal judiciaire de Brest », deux bâtiments de la Marine Nationale ont procédé à la saisie de 9,6 tonnes de cocaïne au large de l’Afrique de l’Ouest.

Le communiqué de presse de la préfecture maritime détaille les modalités de coopération initiées par la convention de 1988 ayant permis « d’obtenir cette saisie remarquable » : la Direction Nationale du Renseignement et des Enquêtes Douanières, dûment habilitée par l’arrêté du 22 mars 2007 établissant la liste des missions en mer incombant à l'Etat, a sollicité l’intervention de la Marine nationale afin d'exploiter un « renseignement opérationnel » obtenu en collaboration avec le Maritime Analysis and Operations Centre (Narcotics) basé à Lisbonne, l’Office antistupéfiants de la direction nationale de la police judiciaire la National Crime Agency britannique.

L’opération menée par des unités françaises déployées dans le cadre de l’opération Corymbe a été initiée « sur la base de l’article 110 de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer », déjà évoqué lors de l’arraisonnement du Boracay. Sous la présidence de Donald Trump, les Etats-Unis, pourtant signataires de la Convention de 1988, s’affranchissent quant à eux de tout règle pour lutter contre ces trafics illicites. Depuis le début du mois de septembre, leurs forces armées mènent une campagne de destruction systématique des embarcations accusées de convoyer des substances illicites.

Pete Hegseth rend compte régulièrement des résultats de cette campagne qui a visé une dizaine d’embarcations dont un sous-marin et causé la mort d’une cinquantaine de membres d’équipage. La dixième embarcation a été détruite dans la nuit du 23 au 24 octobre 2024 en mer des Caraïbes, les autorités américaines la soupçonnant d’être liée au cartel Tren de Aragua. Celui-ci est considéré comme Foreign Terrorist Organization depuis la signature dès le 20 janvier 2025 d’un décret présidentiel, ce qui autorise tous les excès en particulier l’emploi de la force létale, malgré l’absence de la moindre menace imminente justifiant celle-ci.


“These cartels are the Al Qaeda of the Western Hemisphere, using violence, murder and terrorism to impose their will, threaten our national security and poison our people. The United States military will treat these organizations like the terrorists they are—they will be hunted, and killed, just like Al Qaeda”.


Les conséquences des opérations de lutte contre les trafics de drogue menées par les Etats-Unis ont conduit le Venezuela à demander, avec le soutien de la Fédération de Russie et de la Chine, une réunion d’urgence du Conseil de sécurité. Dans son exposé au Conseil, le Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques a confirmé un bilan probable au 10 octobre 2025 de 21 morts, et rappelé que « tous les efforts de lutte contre la criminalité transnationale organisée doivent être menés dans le respect du droit international et de la Charte des Nations Unies ». En réponse, John Kelley a précisé que « le président Trump a déterminé que les États-Unis se trouvaient dans un conflit armé non international et a ordonné au département de la Guerre de mener des opérations contre [les cartels] conformément au droit des conflits armés et à l'article 51 de la Charte des Nations unies ».

Illustrant l’abime existant entre deux approches dans la lutte contre les « activités maritimes illicites », la frégate Courbet [le nom a été confirmé par un post de @EtatMajorFR] a mené dans la nuit du 17 au 18 octobre 2025 une opération de lutte contre le narcotrafic au large de Madère, couronnée par la saisie de plus de 2 tonnes de cocaïne. L’équipe de visite a pu contrôler l’embarcation de type go fast grâce à la neutralisation du moteur par « usage de la force armée », sans que le communiqué ne fournisse de détails sur cet usage, correspondant très probablement à un tir de fusil de précision de calibre 12,7 mm depuis l’hélicoptère de la frégate. Alors que la Marine nationale ne communique pas sur ce mode d’action couramment pratiqué dans les années 2010 en Méditerranée, les Britanniques glorifient cet « exploit ».


“Royal Marine snipers disabled a drugs boat speeding across the Gulf of Oman as frigate HMS Lancaster dealt a £35 million blow to the illegal narcotics trade. Commando snipers brought the ‘skiff ‘– zipping over the waves at speeds in excess of 40 knots while its crew tried to ditch their illegal cargo – to an immediate halt with a bullseye shot to knock out the boat’s engine. The snipers took aim from a Wildcat helicopter launched from the warship to intercept three suspect craft in one of the most dramatic counter-drugs intercepts the Royal Navy has been involved with in the Middle East”.


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