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« Après avoir réduit ces cibles en miettes, les aviateurs [britanniques] se sont envolés vers Hyères »

Actualité générale de l'Alliance Navale

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04/11/2025

Les hélicoptères en service dans la Marine nationale ne disposent d’aucune réelle capacité antinavire depuis le retrait de l’AS 12 au siècle dernier. Le Guépard, prochain « hélicoptère interarmées léger » dont une vingtaine devrait rejoindre les forces armées d’ici fin 2030 pour une cible « à terminaison » de 169, disposera selon une infographie proposée par la DGA de bras d’emport externes « permettant de fixer des roquettes guidées laser de Thales [ou] des missiles antinavires légers (ANL) de MBDA ». La Royal Navy dispose dès à présent de cette capacité, démontrée par la neutralisation d’un Kamikaze Unmanned Surface Vehicle par un Wildcat britannique durant la dernière édition de l’exercice Wildfire.

Le 12 décembre 2018, la commission de la défense et des forces armées de l’Assemblée nationale et le British House of commons’ Defence Comittee publiaient un rapport d’information conjoint en conclusion des travaux d’une mission d’information « sur la prochaine génération de missiles anti-navires ». Si celle-ci avait pour objet « l’un des programmes les plus structurants de la coopération franco-britannique », i.e. le programme futur missile anti-navires/futur missile de croisière (FMAN/FMC), un paragraphe du rapport concernait « les capacités anti-navires [du Royaume-Uni] mises en œuvre depuis un hélicoptère ».

Tandis que la Marine nationale dédaignait l’AS 15 TT développé par Aerospatiale en remplacement de l’AS 12, la Royal Navy mettait en œuvre le Sea Skua proposé par BAe Dynamics, missile employé avec succès lors de la Guerre des Malouines et dans le Golfe arabo-persique en 1991 et en 2003. Le premier tir de qualification de son successeur, alors baptisé ANL/Sea Venom, s’est déroulé le 20 février 2020 au centre d’essais de missiles de l’île du Levant, marquant « le franchissement d’un nouveau jalon majeur du programme de coopération franco-britannique ». Equipé d’un autodirecteur infrarouge, le missile bénéficie également d’une liaison de données bidirectionnelle permettant à l’opérateur de garder le contrôle du missile pendant toute la durée du vol, une fonction optionnelle qui lui permet de rediriger, corriger voire interrompre celui-ci. Le premier tir guidé du Sea Venom depuis un hélicoptère Wildcat de la Royal Navy a été effectué avec succès le 10 octobre 2025.


« L’ANL/Sea Venom est le premier programme de coopération franco-britannique à bénéficier pleinement de nos Centres d’Excellence créés à la suite d’un accord intergouvernemental ratifié en 2016 par les parlements des deux pays. MBDA met tout en œuvre pour le succès du programme ANL/Sea Venom. Pour nous, ce programme doit démontrer les bénéfices de l’étroite coopération entre le Royaume-Uni et la France en matière de défense afin d’améliorer les capacités souveraines de nos deux pays en matière d’armements tout en en réduisant les coûts » - Eric Béranger


La volonté politique concrétisée par le traité franco-britannique de coopération en matière de défense et de sécurité signé à Londres le 2 novembre 2010 (« traité de Lancaster House ») avait à l’époque imposé une rationalisation de l’industrie du missile européenne au profit de MBDA et une coopération notamment dans le cadre de ce missile ANL/Sea Venom. Les contraintes budgétaires ont toutefois conduit le ministère des armées à renoncer à équiper rapidement une Marine nationale elle-même peu intéressée tout en contribuant au développement du missile au profit de la Royal Navy. La loi relative à la programmation militaire pour les années 2024 à 2030 ne mentionne pas l’antinavire léger.

Tir de qualification depuis un Dauphin de la DGA 

« Lorsqu'en 2015, la France et le Royaume-Uni ont signé l'accord intergouvernemental soutenant la mise en œuvre du concept "one MBDA", nos deux pays ont accepté un principe de rationalisation industrielle jamais vu en Europe. Ce modèle a aujourd'hui fait ses preuves : je pense par exemple au programme Anti Navire Léger qui bénéficie pleinement de cette construction industrielle, et j'en profite pour saluer la réussite du deuxième tir de qualification du missile il y a quelques jours » - Florence Parly, 26 novembre 2020.


Les hélicoptères Wildcat sont également équipés de missiles LLM (Lightweight Multirole Missile) conçus par Thales et plus connus sous l’appellation Martlet (Martinet). La Royal Navy a annoncé le 18 octobre 2025 la pleine capacité opérationnelle (Full Operational Capability – FOC) de ce missile « peu cher, léger, précis », d’une portée de huit kilomètres et ayant vocation à être employé contre des petites embarcations, telles des skiffs ou des zodiacs pneumatiques ou semi-rigides. Son efficacité a été démontrée durant l’exercice Wildfire 25.2, durant lequel « un spectre large et varié d’armements a été employé [dont les] missiles Martlet d’un Wildcat britannique ».


“Using the ranges at Aberporth, Martlet was tested in Cardigan Bay against specially designed targets, built to mirror small uncrewed boats. After reducing those targets to splinters, the aviators flew to Hyères on the Côte d’Azur to participate in the French led NATO exercise Wildfire”


Le 14 juillet 2025, la « déclaration sur la modernisation de la coopération de défense et de sécurité entre la France et le Royaume-Uni » appelée « Lancaster House 2.0 » mentionne la volonté de lancer la phase de développement du programme relatif au futur missile antinavire / futur missile de croisière (FMAN/FMC) « pour créer la nouvelle génération de missiles de frappe dans la profondeur de longue portée et hautement résistants » mais n’évoque jamais l’ANL. Alors que la Royal Navy se félicitait récemment d’une « avancée significative vers l'armement des hélicoptères d'attaque […] avec des missiles antinavires », la Marine nationale s’orienterait vers un armement de ses futurs Guépard constitué de roquettes de 68 mm guidées par laser proposées par Thales. « Légères et compactes » et équipées d’un système de guidage laser semi actif, elles peuvent engager des cibles « à des distances allant jusqu’à 5 000 mètres ».

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