Unseenlabs, premier fournisseur mondial de données électromagnétiques pour la surveillance maritime depuis l’espace
Le 9 juillet 2025, la jeune pousse (start up) Unseenlabs a publié les résultats d’une campagne de surveillance et d’analyse des radiofréquences captées dans le golfe du Bengale, afin de « révéler les activités maritimes cachées dans l'une des régions les plus stratégiquement disputées et les plus importantes au monde ». Les quatorze pages du use case décrivent la traque silencieuse d’un « navire de recherche chinois de premier plan, connu pour son importance stratégique et son niveau d'activité élevé ».
Présenté comme le premier fournisseur mondial de données électromagnétiques pour la surveillance maritime depuis l’espace, la société fondée en 2015 par les deux frères Clément et Jonathan Galic propose des solutions innovantes permettant de géolocaliser et de caractériser à tout instant n'importe quel navire en mer, via la détection des signaux électromagnétiques émis par ces derniers. Les nombreux cas d’usage présentés démontrent en effet une capacité certaine à établir une situation maritime et à suivre les bâtiments dès lors qu’il a été possible d’associer un nom à l’empreinte électromagnétique capturée depuis l’espace.
La société basée à Cesson-Sévigné déploie ce service de surveillance maritime depuis sa propre flotte de nanosatellites qui embarquent la charge utile de renseignement électromagnétique que l’entreprise a mis au point. Cette technologie lui permet de capter les ondes émises par un navire pour les géolocaliser de manière ultraprécise et quasiment en temps réel. La Marine nationale a recours à ses services dans le cadre des missions de surveillance des quelque 11 millions de km² de l’espace maritime français, notamment pour lutter contre les activités de pêche illicite, non déclarée et non règlementée (Illegal, Unreported and Unregulated fishing).
En février 2022, Unseenlabs a mené une campagne d'acquisition de données RF dans la mer d'Oman afin de géolocaliser les navires non coopératifs et d'identifier ceux susceptibles de se livrer à des activités de pêche illicite, non déclarée et non réglementée.
Parmi les 300 satellites dont les données sont exploitées par le service Trimaran III figurent en effet les nanosatellites d’Unseenlabs, qui observent la Terre dans le spectre électromagnétique non visible. Le service est opérationnel depuis 2019 et le lancement de BRO-1 le 19 août depuis la Nouvelle-Zélande, préfigurant une constellation d’une vingtaine de nanosatellites « de la taille d'une boîte à chaussures » (cubsat), baptisés BRO-x (Breizh Recon Orbiter) en hommage à la région Bretagne. Placé sur son orbite circulaire à une altitude de 550 km et une inclinaison de 45°, BRO-1 a permis à UnseenLabs de devenir la première entreprise privée française à se lancer dans l'espace et moins de six années après son lancement a été rejoint par BRO-18, permettant un excellent taux de revisite des mobiles.
Les nombreux use cases publiés partent sans surprise du principe qu’un bâtiment ayant activé son système automatique d’identification (Automatic Identification System – AIS) n’est a priori pas soupçonnable. La campagne menée dans le sud de la mer Rouge nomme ainsi dark vessels les bâtiments qui « ne sont pas équipés d'un système AIS ou qui le manipulent afin d'échapper aux systèmes de surveillance traditionnels et devenir invisibles ». Ce système rendu obligatoire après le 11 septembre 2001 sur les navires d'une jauge brute égale ou supérieure à 300 tonneaux [1] doit pourtant être maintenu en fonctionnement « à tout moment, sauf lorsque des accords, règles ou normes internationaux prévoient la protection des renseignements relatifs à la navigation ».
L'AIS ne peut être désactivé, sauf dans de très rares exceptions. Conformément aux directives de l'OMI fournies par la résolution A. 917(22), l'AIS doit toujours être en service lorsque les navires sont en route ou au mouillage. Dans des circonstances particulières, l'équipage d'un navire peut désactiver la diffusion AIS pour diverses raisons légitimes, mais ce comportement peut indiquer que le navire cache sa position et son identité afin de dissimuler des activités illégales. NATO Shipping Centre
La traque du Yi Peng 3, soupçonné de sabotages en mer Baltique, apporte de nombreux éclaircissements sur le fonctionnement des algorithmes permettant de suivre les bâtiments et surtout de les caractériser. Si la piste avait été suivie et son historique soigneusement archivé, c’est le 22 novembre 2024, après la rupture des câbles, que le Yi Peng 3 a « réapparu » dans la zone économique exclusive du Danemark : « Unseenlabs a détecté ses émissions RF et les a comparées aux données AIS pour confirmer son identité. La percée ? Nous disposons désormais de son empreinte RF unique ».
Confirmant la pertinence des solutions développées par la société bretonne, l’appel à projets FLORE (Flight Demonstration of RoEm) lui a été attribué en juin 2023, en association avec U-Space, société toulousaine qui conçoit et construit des nanosatellites modulaires, Ce projet de l’Agence de l’innovation de défense, présenté au Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace 2025, vise à tester « un démonstrateur de service d’observation du spectre radioélectrique depuis l’espace sur petites plateformes » permettant de détecter, localiser et caractériser les « signaux émis par les systèmes d’arme adverses ».
Le 25 juin 2025, Unseenlabs a également rejoint le programme européen Copernicus d’observation de la terre en lui conférant des capacités d’analyse des signaux radioélectriques « particulièrement utiles dans le domaine maritime, où elles contribuent à la sécurité des frontières et au suivi des navires non coopératifs ». L’avenir de cette jeune pousse représentative du french new space est garantie, les dirigeants annoncent pour 2026 le lancement d’une nouvelle constellation « offrant des performances, une résilience et une couverture inégalées, non seulement en mer, mais aussi sur terre et dans l'espace ».
[1] Code International pour la Sûreté des Navires et des Installations Portuaires (ISPS) incluant un amendement à la convention internationale de 1974 pour la sauvegarde de la vie humaine en mer (SOLAS).

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